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Fédération Française de Boxe : boxer ensemble pour mieux vivre ensemble (Stéphane Raynaud)

À l’occasion de la rentrée, vous recherchez une activité extra-scolaire pour vos enfants ? Pourquoi ne pas choisir la boxe ? Filles comme garçons, jeunes comme moins jeunes, personnes valides comme celles porteuses d’un handicap, la boxe éducative s’adresse à tous et à toutes. Pour nous en parler, nous avons rencontré Stéphane Raynaud, Conseiller Technique National à la Fédération Française de Boxe. Il nous a expliqué comment la FFBoxe, à travers son initiative DÉFIS Boxe, faisait inlassablement la promotion du « boxer ensemble pour mieux vivre ensemble ».

En tant que responsable du programme DÉFIS Boxe (Diversité, Éducation, Formation, Insertion, Solidarité) porté par la Fédération Française de Boxe (FFBoxe), Stéphane Raynaud vise des publics variés. « Nous allons chercher d’autres publics que le public des clubs de compétition. L’objectif consiste à rendre la pratique du noble art accessible à tous et à toutes, aussi bien dans sa pratique que dans son enseignement. Il s’agit de la démocratiser pour qu’elle procure du plaisir au plus grand nombre ».

Ainsi, les publics auxquels la FFBoxe s’adresse vont des compétiteurs, aux amateurs, en passant par les novices. Mais elle va plus loin, en sollicitant les personnes en situation de handicap, par exemple. La FFBoxe est très engagée sur la question de la diversité. Concrètement, elle promeut la boxe auprès non seulement de publics en situation de handicap, mais aussi du secteur carcéral, de la protection judiciaire de la jeunesse, des quartiers, des entreprises, des secteurs scolaires et universitaires, et bien d’autres encore.

Focus sur la boxe éducative

Pour atteindre ces publics a priori éloignés du monde de la boxe, la FFBoxe a recours à la boxe éducative. Il s’agit d’une forme de pratique accessible à tous et à toutes, de six ans à 77 ans. « Certes, d’un côté, nous avons la pratique compétitive. Mais d’un autre côté, pour ceux qui veulent pratiquer cette discipline sportive comme un loisir épanouissant et leur permettant de découvrir une activité nouvelle, nous avons la boxe éducative ».

La FFBoxe distingue ainsi trois formes de pratiques : la boxe éducative, amateur et professionnelle. « La boxe éducative se fait à la touche. On est vraiment sur la maîtrise des touches, en restant en permanence en-dessous du seuil de douleur de son adversaire. Personne ne doit ressortir de la confrontation avec la moindre sensation de douleur. C’est la philosophie de la boxe éducative, fondée sur l’assaut et la touche ». Contrairement aux autres pratiques, la boxe éducative est accessible à tous et à toutes.

En revanche, la boxe amateur se situe au contraire dans la perspective du combat et de la frappe. Il n’y a pas de limite d’impact, au même titre que pour les professionnels. Dans les deux cas, les logiques sont les mêmes, bien que la réglementation varie. Les temps de combat ou les tailles de gant diffèrent, par exemple. Cependant, la finalité reste la même : il s’agit de gagner un combat.

Une discipline de rencontres entre personnes diverses

Comme Stéphane le reconnaît, un grand nombre de clubs sont implantés à l’intérieur même des quartiers. « Cependant, la boxe ne se résume pas aux quartiers. Nous avons des clubs implantés dans des milieux ruraux, dans les centres villes et sur tout le territoire national ». De plus, à l’intérieur même des quartiers, le public fréquentant les clubs est diversifié. Car ce sont des lieux de rencontres, de partage et d’échanges. Là, des publics d’horizons divers se côtoient.

Par ailleurs, une personne ne se définit pas par rapport à son seul statut social : un détenu ne se résume pas à sa condamnation, ni une personne handicapée, à son handicap. Dans les clubs, garçons et filles se mélangent, ressortissants de quartiers différents, employés de bureau, travailleurs manuels, etc. La boxe permet d’aller au-delà de ces catégories, en fédérant des individus ayant une histoire personnelle différente. Pour eux, il n’y a plus qu’une seule chose qui compte : la pratique de leur sport. « On boxe ensemble, sans se poser la question de qui on a en face de soi ».

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(c) Fédération Française de Boxe

Par exemple, on voit généralement une personne atteinte d’un handicap comme un simple handicapé. Or, la pratique d’une activité sportive suppose le partage et provoque des émotions. Des échanges se produisent quand on entre en relation avec l’autre par le biais de la pratique sportive. Finalement, on ne voit plus l’autre comme une catégorie, mais comme un partenaire sportif. C’est sans doute la raison pour laquelle l’un des mots d’ordre de la FFBoxe s’énonce comme suit : « boxer ensemble pour mieux vivre ensemble ».

Les vertus de la pratique de la boxe ?

Les vertus du noble art sont évidentes vis-à-vis de détenus dont les histoires personnelles sont marquées par la confrontation et la violence. En effet, la boxe est un sport très codifié. Les valeurs qu’elle véhicule sont transposables dans la vie quotidienne. Dans la boxe éducative, on s’affronte, on juge et on arbitre. Boxer, cela revient à maîtriser ses émotions. Cela passe aussi par le respect de son adversaire et de certaines règles. Il faut également bénéficier d’une certaine confiance en soi, tout en apprenant à se dépasser. À certains moments, il convient de se montrer audacieux, même si on est engagé dans une confrontation bienveillante. Comme Stéphane le rappelle, « la boxe, ce n’est ni la guerre, ni la violence. Il s’agit d’un sport assorti de certains codes ».

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Il arrive que le nouvel adepte « accroche » et se prenne de passion pour cette discipline sportive. En s’impliquant toujours davantage, il en intègre les codes. Il accède à la maîtrise de ses émotions et de ses actions, ce qui lui permet de surmonter la pression de la confrontation. « Réussir à maîtriser ses émotions quand on est dans l’opposition et dans le duel nécessite d’avoir reçu une certaine éducation et un certain entraînement. Cela finit par transparaître dans le rapport à l’autre ». Les codes de la boxe sont à l’opposé du « no rules ». Il faut développer une véritable compétence émotionnelle pour pouvoir gérer les affrontements.

Par extension, la FFBoxe fait coïncider entraînements sportifs et travail sur la citoyenneté, les valeurs républicaines et le mieux vivre-ensemble. Selon Stéphane : « ce sont des notions fondamentales que nous mettons en avant dans DÉFIS Boxe ».

« Rocky, c’est fini »

Stéphane s’estimera heureux quand l’image de la boxe aura changé, laissant de côté certains aspects négatifs dominant l’imaginaire public, et véhiculés par des films tels que Rocky. « Nous voulons simplifier l’image de la boxe pour que les personnes puissent se dire : ‘je peux faire de la boxe comme je peux jouer au foot’. Nous cherchons donc à démystifier l’image de la boxe ». C’est indispensable si l’on veut véritablement démocratiser ce sport. Il est vrai que le public ressent une certaine fascination pour les combats particulièrement durs. « Cela incite-t-il les mères de familles à envoyer leurs enfants à la boxe ? Rien n’est moins sûr ! »

A contrario, si une maman adepte de la pratique de la boxe éducative y prend du plaisir, elle va inciter ses enfants à se lancer. En effet, que l’on soit une femme, un homme, une personne handicapée ou non, un jeune ou une personne âgée, tout le monde est en capacité de faire de la boxe, à condition d’adapter sa pratique. Les choses ont déjà commencé à changer. « Aujourd’hui, on ne se pose plus la question de savoir s’il y a de la boxe pour les hommes ou pour les femmes. Il y a la boxe, tout simplement ! Il en est de même vis-à-vis des publics handicapés ».

La FFB promeut ainsi la pratique partagée. Au club, que l’on soit un homme ou une femme, on s’entraîne ensemble. Que l’on soit handicapé ou non, on peut aussi prendre part à l’activité. Bien entendu, les objectifs et les spécificités de chacun doivent être respectées, sans pour autant sectoriser les choses à l’excès.

DÉFIS Boxe : toucher les publics extra-fédéraux

Le volet formation est particulièrement important parmi les différentes actions menées par la Fédération. Selon Stéphane, « la FFBoxe a conclu des conventions nationales la liant à une variété d’institutions. Le Président de la FFBoxe Dominique Nato a signé des conventions nationales avec l’UNSS (sport en milieu scolaire), l’Éducation nationale, la FFSU (sport universitaire), l’ANSA (apprentis). En outre, il a également passé deux conventions avec le ministère de la Justice : l’une avec l’administration pénitentiaire et l’autre avec la Protection judiciaire de la jeunesse. De même, nous sommes liés au CNFPT (fonction publique territoriale) pour former les éducateurs territoriaux à l’enseignement de la boxe ».

Le but de la FFBoxe consiste donc à former ces différents publics qui, dans le cadre de leur métier, peuvent à leur tour utiliser la boxe comme un outil au service de leurs fonctions. « Nous prodiguons des formations pour non-spécialistes. Le but est de rendre ces publics autonomes pour qu’ils puissent mettre en place à leur tour des formations. En général, ils relèvent de catégories professionnelles au contact avec le public ».

En cherchant à sortir de l’entre-soi, la FFBoxe prône le partage avec les autres. Elle veut s’ouvrir à différents publics, en adaptant les pratiques de la boxe aux attentes de chacun. « La boxe éducative est une réponse, à condition qu’elle soit pratiquée dans un état d’esprit adéquat », conclut Stéphane.

Plus d’information sur : Fédération Française de Boxe.

La pratique du mieux vivre-ensemble à la FFBoxe. Photo : (c) Fédération Française de Boxe. Vidéo : (c) LaTDI.

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