Chercheure en cancérologie devenue entrepreneuse, Hélène MALKA-MAHIEU a fondé Peekcell à la fin 2023, jeune medtech française révolutionnant le dépistage du cancer du sein. Avec ses deux associés, elle met au point un test urinaire, méthode simple et non invasive ! En s’appuyant sur l’Intelligence Artificielle, Peekcell veut démocratiser la prévention et sauver des vies. Le parcours d’Hélène MALKA-MAHIEU illustre une conviction forte : la recherche doit aussi se mettre au service de l’innovation médicale !
Par Hélène HUDRY
Et si un simple test d’urine pouvait changer la donne en matière de lutte contre le cancer ? C’est le pari audacieux d’Hélène MALKA-MAHIEU, scientifique passionnée et entrepreneuse engagée. À la tête de Peekcell, elle veut rendre le dépistage accessible à toutes les femmes, sans douleur ni contrainte. Son ambition : transformer un geste du quotidien en acte de prévention salvateur. Dans un contexte où les cancers féminins progressent et où la prévention demeure insuffisante, son initiative redonne espoir. Portrait d’une chercheure/entrepreneure à la croisée entre l’humain, la biologie et la tech.
Un parcours entre science et entrepreneuriat
À première vue, rien ne prédestinait Hélène MALKA-MAHIEU à l’entrepreneuriat. Sa carrière débute dans les couloirs des plus grands instituts français de recherche sur le cancer. Elle réalise dans un premier temps sa thèse à Gustave Roussy, puis un post-doc à l’Institut Curie. Elle consacre ainsi huit ans de sa vie à essayer de comprendre les mécanismes de résistance aux chimiothérapies. Quelles sont les nouvelles molécules pour en venir à bout ?
Mais rapidement, la chercheure ressent une frustration. Les avancées scientifiques restent souvent confinées aux publications spécialisées. « Une fois qu’on a une belle publication, que fait-on ? » Cette question la pousse à suivre une formation à Polytechnique pour faire le lien entre science et solutions concrètes. De là, naît sa première expérience entrepreneuriale, puis un passage décisif chez BIOSerenity, medtech spécialisée dans les dispositifs médicaux connectés.
Peekcell : pour un dépistage simple et universel
L’idée fondatrice de Peekcell naît d’un constat alarmant : seules 50 % des femmes en France se font dépister pour le cancer du sein ou du col de l’utérus. Pire encore, il n’y a pas d’examen de dépistage proposé aux personnes prédisposées pour le cancer de l’ovaire ou de l’endomètre actuellement. Alors qu’un dépistage précoce se traduit par « plus de 90% de chances de survie à 5 ans », rappelle Hélène MALKA-MAHIEU.
Peekcell veut donc casser les barrières : la peur de la mammographie et des examens invasifs ou encore les rendez-vous contraignants. Son pari ? Un simple test urinaire, sans douleur ni préparation. Le dispositif se veut ainsi la première « brique » d’un parcours de soins accessible à toutes.
L’objectif n’est pas de remplacer la mammographie, mais de l’accompagner. « On se compare souvent à l’Hémoccult, ce petit test pour le cancer du côlon. Peekcell repose sur la même idée ». Cependant, Hélène MALKA-MAHIEU précise : « il s’agit d’un outil de détection précoce, pas d’un diagnostic ». L’enjeu consiste à éviter les faux négatifs, en évitant de passer à côté d’un cancer, quitte à donner lieu à quelques faux positifs.
La prévention : un must do !
Hélène MALKA-MAHIEU insiste sur la dimension préventive. Elle imagine même une complémentarité entre mammographie et test Peekcell. « Pourquoi ne pas faire un test l’année où l’on ne fait pas de mammographie ? », suggère-t-elle. Pour les femmes jeunes ou en rémission, ce suivi régulier pourrait devenir un réflexe.
Au-delà de la technologie, Peekcell revendique une mission sociale. Il s’agit d’encourager les femmes à se faire dépister, quel que soit leur âge. « Si j’ai un message à faire passer, c’est d’aller se faire dépister », affirme Hélène. Elle le répétera d’ailleurs lors de la grande soirée de sensibilisation du 23 octobre organisé par l’association Prolific.
Peekcell, au croisement entre biologie et Intelligence Artificielle
Derrière la simplicité apparente du test Peekcell se cache une technologie d’une grande sophistication. Le dispositif repose sur l’analyse de biomarqueurs présents dans l’urine. Ces biomarqueurs forment une signature moléculaire unique. « Ce sont des signaux que l’on détecte dès les stades 1 ou 2 du cancer », détaille Hélène MALKA-MAHIEU.
Les échantillons sont analysés en laboratoire, à la fois par des biologistes et par une équipe de data scientists. « On a un pied dans les labos et un pied dans les lignes de code », résume-t-elle avec humour. C’est là que l’Intelligence Artificielle entre en scène. Les algorithmes développés en interne passent au crible les résultats des analyses : niveaux de concentration, interactions, etc. L’IA synthétise ces données et génère un score de risque individuel, transmis au médecin traitant.
Peekcell : une alerte, pas un diagnostic
Contrairement à certaines entreprises ayant défrayé la chronique, comme Theranos, Peekcell se garde bien de promettre l’impossible. « Nous ne faisons pas de diagnostic, rappelle Hélène MALKA-MAHIEU. Le test constitue la première brique dans un parcours de soins. L’outil n’a pas vocation à remplacer les examens d’imagerie. Il cherche à alerter les femmes en les conduisant à réaliser une mammographie ou un suivi plus approfondi.
Cette approche prudente et rigoureuse s’appuie sur des années de recherches ainsi qu’une solide expertise réglementaire. L’équipe fondatrice a de l’expérience dans la mise sur le marché des dispositifs médicaux.
Peekcell est actuellement en phase d’études cliniques pour le cancer du sein et des ovaires. À terme, l’équipe espère aussi prouver la valeur médico-économique de son dispositif : dépister tôt permet non seulement de sauver des vies, mais aussi de réduire le coût des traitements.
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Peekcell : entre rigueur scientifique et vision entrepreneuriale
L’avenir de Peekcell se dessine autour d’une idée simple : rendre le dépistage universel et régulier. L’équipe travaille à l’adaptation de son test à d’autres types de cancers féminins. D’où les efforts qu’elle déploie afin d’améliorer son algorithme grâce à un apprentissage continu en le « nourrissant » de données cliniques. L’Intelligence Artificielle, loin de déshumaniser la médecine, devient ici un outil favorisant l’égalité devant le diagnostic.
Hélène MALKA-MAHIEU, rare incarnation d’un équilibre entre rigueur scientifique et vision entrepreneuriale ? « Je me situe à équidistance entre ces deux idéaux », dit-elle. Chercheure dans l’âme, elle souhaite néanmoins concrétiser ses recherches en les mettant au service du patient. « Je souhaite aller de la paillasse jusqu’au lit du patient ! »
La prévention, pour elle, n’est pas une idée abstraite, c’est un engagement. Et elle insiste : « La prévention, c’est probablement la première clé de guérison pour toutes les personnes atteintes d’un cancer».
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