Salon de Montrouge Alison Flora

66e Salon de Montrouge : inclusif, démocratique et équitable (Colette Aubry)

À l’occasion du 66ème Salon de Montrouge consacré à la scène émergente de l’art contemporain, le public aura l’occasion de venir admirer les œuvres de 40 artistes, du 13 octobre au 1er novembre. Il pourra s’étonner, se poser des questions et se faire expliquer leur travail par la voix des médiateurs déployés par la mairie. Avec Colette Aubry, maire-adjointe de Montrouge à la Culture et au Patrimoine, nous avons évoqué le principe d’équité qui, cette année particulièrement, a présidé à la constitution du panel d’artistes. Car le Salon se veut non seulement une manifestation culturelle de haut niveau, mais aussi un tremplin pour l’ensemble des artistes présentés.

Écologie, environnement, égalité entre les hommes et les femmes, lutte contre les discriminations de genres. Le travail des artistes présentés au Salon de Montrouge de 2022 reflète les préoccupations actuelles. Selon Colette Aubry, « nous assistons à un moment de bascule dans nos sociétés. Or, les grands débats d’idées passent aussi par les artistes, les écrivains, les musiciens, … Et il est précisément de notre ressort d’accompagner l’expression artistique de ces mutations. »

Les thèmes du 66e Salon de Montrouge

Au 66e Salon de Montrouge, de nouvelles disciplines apparaissent, tels le design, l’architecture ou le paysagisme. Elles vont au-delà des arts plastiques, de la vidéo ou même des performances auxquels nous avait habitués le Salon.

Certains artistes ont repris, en la modernisant, une démarche initiée dans les années 70, en utilisant le textile comme support pour revendiquer de nouvelles idées. Certaines artistes femmes ont notamment eu recours aux techniques ancestrales liées au fil, à l’aiguille, au dé à coudre, etc. pour faire passer des messages féministes. Elles ont détourné une activité dans lesquelles les femmes étaient confinées pour en faire un manifeste artistique.

Salon de Montrouge Jot Fau
Jot Fau, Comment on s’en souvient ou comment on refuse de s’en souvenir, 2021, bois, collection d’anciens tissus en velours, laine, corde d’escalade, jouet cassé, 30 x 50 cm.

Un livret rédigé en écriture inclusive

Plus généralement, les commissaires Guillaume Désanges et Coline Davenne ont encouragé les artistes à s’exprimer sur les thèmes qui agitent l’opinion. Ainsi, le 66e Salon de Montrouge met l’accent sur l’écologie, les inégalités de genres, le décolonialisme, le multiculturalisme, les théories du genre ainsi que la démocratie technologique. Concernant ce dernier thème, certains artistes utilisent les lignes de code pour en faire des œuvres d’art quasi-romantiques !

Cette année, le Salon réserve une place particulière à la représentation des minorités. Ainsi, le catalogue est entièrement rédigé en écriture inclusive, en allant jusqu’à employer le pronom « iel », pour respecter la non-binarité de certains de ses artistes. C’est assez novateur et cela dérange. Cela en énerve même certains ! Selon Colette, « c’est aussi la fonction de l’art que de bousculer les habitudes de pensée et d’inscrire ces évolutions dans le marbre ».

Colette Aubry, maire-adjointe de Montrouge à la Culture et au Patrimoine, fait remarquer que le catalogue du Salon de Montrouge est entièrement rédigé en écriture inclusive, afin d’accompagner l’une des thématiques phares du Salon : la lutte contre les discriminations de genres. Photo : (c) Mairie de Montrouge. Vidéo : (c) LaTDI

Sous le signe de l’inclusion et du collectif

Pour Colette, deux artistes illustrent particulièrement l’inclusivité mise en avant par le Salon de Montrouge en 2022. « Prenons l’exemple d’Aline Ribière. Elle n’appartient pas à la catégorie des jeunes artistes, si on se réfère à sa date de naissance. Mais ce n’est pas important finalement. Elle a du talent, même s’il n’est pas encore assez reconnu. Pourtant, elle fait un travail incroyable à partir de matières organiques, en créant des robes en algues. C’est assez étonnant. Ses réalisations sont extrêmement fragiles, cela ressemble à de la dentelle, tout en finesse et en beauté ».

Aline Ribière fait partie des talents choisis cette année par les commissaires, hors sélection officielle, parmi les talents émergents. Loin de toute préoccupation liée à l’âge, ils ont voulu braquer les projecteurs sur cette artiste, en raison de sa démarche novatrice et qualitative.

Salon de Montrouge Aline Ribiere
Aline Ribière, Portrait : (c) Vincent Monthiers. Mue n° 2, 2002, algues, PVC, 135 x 48 cm.

Les commissaires ont aussi invité le collectif In-Piano. Ce dernier est composé d’artistes qui, chacun, travaille de façon indépendante. La force du collectif apparaît grâce à une scénographie les mettant tour à tour en valeur. C’est cela aussi l’intention du nouveau commissariat : aller à l’encontre des monographies et autres expos solo. À l’opposé, il privilégie le collectif, par le biais d’une scénographie mettant l’ensemble des artistes en valeur.

Le Salon de Montrouge élargit les perspectives de ses artistes

En présentant une sélection volontairement resserrée de 40 artistes, le Salon visait à mieux accompagner chacun d’entre eux. En effet, alors que leurs conditions de travail et de vie sont de plus en plus difficiles, le Salon cherche à leur ménager des perspectives d’avenir.

Jean Baptiste Perret
Jean-Baptiste Perret, Le Quotidien, 2022, vidéogramme, vidéo HD, son stéréo, 7min. Portrait : (c) Maité Marra.

Ainsi, le Salon refuse de sélectionner un lauréat unique cette année. En effet, les commissaires ont considéré que ce prix constituait un obstacle supplémentaire à franchir pour des artistes ayant déjà subi un processus de sélection difficile pour intégrer le Salon. « Cette année, nous avons décidé d’instaurer un principe d’équité, avec le collectif Work Method porté par Guillaume Désanges et Coline Davenne. Nous allons donc verser à chaque artiste une bourse de participation d’un montant de 800 € ».

Intégrer le réseau des partenaires du Salon de Montrouge

Dans un deuxième temps, le Salon entend faire profiter à plein les artistes des partenariats qu’il a noués. Ainsi, le Palais de Tokyo offre la possibilité à une œuvre d’être sélectionnée pour l’intégrer à une exposition collective, mêlant artistes établis et nouveaux talents. C’est aussi une manière de donner une perspective de visibilité par un accompagnement curatorial et un soutien financier aux artistes.

À lire également : 66e Salon de Montrouge : fer de lance la politique culturelle de Montrouge.

De même, la Fondation d’entreprise Pernod-Ricard va également faire appel à un commissaire artistique étranger pour soutenir les efforts créatifs d’un ou plusieurs artistes. Les œuvres feront par la suite l’objet d’une restitution par le biais d’une expo au sein de la Fondation.

De plus, l’association Orange Rouge, qui travaille avec des classes de type ULIS (classes scolarisant des élèves en situation de handicap) invitera les artistes à mener un projet pédagogique avec les élèves. Là encore, ce travail fera l’objet d’une restitution. « Nous privilégions par conséquent les partenariats aussi larges que possible, pour un accompagnement professionnel et artistique sur la longue durée ».

Par ailleurs, le Salon offre aux artistes un accompagnement juridique. En effet, la plupart d’entre eux ne connaissent pas nécessairement le droit des contrats ni de la propriété intellectuelle. « Nous leur offrons une formation avec l’ADAGP qui gère les droits d’auteur. Cet organisme leur apportera des conseils juridiques. Le but est ici de les aider à acquérir les connaissances juridiques nécessaires à leur évolution professionnelle et à mieux faire valoir leurs droits ».

Poster 66e Salon de Montrouge
(c) Salon de Montrouge

Venez au Salon de Montrouge !

En guise de conclusion, Colette encourage chacun à venir au Salon de Montrouge : « Venez ! Nos médiateurs culturels seront en mesure d’expliquer, décrire, décrypter et commenter les œuvres étonnantes que vous y verrez ! Vous pourrez leur poser des questions, notre démarche est très interactive. Ces médiateurs sont des jeunes issus d’écoles d’art, formés en matière de transmission artistique pour des publics diversifiés. En outre, des visites sont prévues pour les familles avec des enfants. Enfin, nous organisons des actions de médiation culturelle à l’attention des publics scolaires ! »

Manifestation de haut niveau culturel, le Salon de Montrouge prend néanmoins soin d’inclure et de familiariser le plus grand nombre avec l’art contemporain. « Car l’Art, c’est la Vie ! »

Informations pratiques :

66e Salon de Montrouge, Le Beffroi, 2 Place Emile Cresp, 92120 MONTROUGE.

M° Mairie de Montrouge.

Du 13 octobre au 1er novembre 2022, de 12h à 19h 7j/7. Ouvert les jours fériés.

DIRECTION ARTISTIQUE : Coline Davenne & Guillaume Désanges. Pour en savoir plus, cliquer ici.

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