Pensionnaires de la Coloc d'AVA

La Coloc d’AVA : un refuge centré sur le bien-être animal (1/2)

Que faire lorsque votre animal de compagnie devient incontinent et sénile, une fois l’âge venu ? Certains propriétaires d’animaux recourent à l’euthanasie. Pourtant, leur animal aurait encore pu profiter de ses vieux jours. Pour remédier au fléau des euthanasies de complaisance, AVA (Agir pour la Vie Animale) inaugure en cette rentrée 2022 la Coloc d’AVA, située en Seine-Maritime. Nous avons rencontré Élisa Gorins, porte-parole d’AVA, pour qu’elle nous explique le principe de ce refuge pilote, tout entier dédié au bien-être animal.

Élisa Gorins travaille pour AVA (Agir pour la Vie Animale) depuis bientôt quatre ans, en tant que directrice de la communication et du développement. Auparavant journaliste spécialisée dans le domaine animalier, elle a notamment écrit pour Wamiz. Elle connaissait Thierry Bedossa, président et fondateur d’AVA, depuis déjà quelques années, pour l’avoir croisé plusieurs fois lors d’évènements.

Ayant visité le premier refuge ouvert par AVA au Quesnoy en 1986 par simple curiosité personnelle, elle en est littéralement tombée amoureuse. Pour elle, il illustrait parfaitement l’idée qu’elle se faisait d’un « sanctuaire » animalier. Élisa n’avait jusque-là jamais vu pareil modèle d’accueil des animaux. Ces derniers vivent librement dans de grands espaces (75 ha), pour leur plus grand bien-être. Peu de temps après, elle a rejoint l’équipe de Thierry Bedossa.

Aujourd’hui, elle travaille non seulement pour AVA mais aussi pour l’ensemble des activités impulsées par Thierry : trois cliniques vétérinaires, un institut de formation (l’Animal University) et une pension canine et féline (K6 Pension). « Je m’occupe de la communication de l’ensemble de ses entreprises et associations, les unes à but lucratif, les autres, non. Ce sont des entités qui, même si elles font partie d’un même écosystème, sont très différentes. Ainsi, je ne travaille pas de la même façon quand je veux fidéliser ou prospecter des clients pour des cliniques vétérinaires. Ou bien quand je cherche à informer les donateurs / sympathisants concernant des actions associatives ».

Élisa résume les trois axes autour desquels s’articule l’action d’AVA comme suit : protéger, comprendre et partager.

Un chat pensionnaire de la Coloc d'AVA
(c) AVA

AVA : non aux euthanasies de complaisance

Premièrement, AVA veut protéger les animaux vis-à-vis de l’euthanasie ou de l’abattoir. « C’est le cœur de notre action et notre raison d’être première », déclare-t-elle. D’ailleurs, AVA signifiait au tout début : « Assistance aux Vieux Animaux ». L’association a toujours lutté contre les euthanasies de convenance. Selon Élisa, « quels sont le animaux euthanasiés le plus facilement, de façon complètement arbitraire ? Les vieux animaux. Quand ils deviennent âgés, incontinents, un peu séniles, trop coûteux, on n’en veut plus ».

Nombre de propriétaires d’animaux se rendent ainsi chez leur vétérinaire en lui demandant : « mon animal a quinze ans, il fait pipi partout, il a fait sa vie, piquez-le svp ». Rien n’empêche alors le vétérinaire d’accepter. Il prend donc sa décision en son âme et conscience. C’est ainsi qu’un animal pouvant très bien continuer à vivre, n’étant pas en état de souffrance, finit par être euthanasié ou abandonné. Les structures acceptant les animaux vieillissants sont encore malheureusement trop rares. « Personne ne veut des vieux animaux », déplore notre interlocutrice !

AVA s’inscrit donc comme une véritable alternative à l’euthanasie, en recueillant ces animaux âgés. « Nous leur offrons un cadre de vie agréable pour couler leurs vieux jours. »

AVA et l’éthologie, la science étudiant le comportement des animaux

Deuxièmement, AVA milite pour une meilleure compréhension des animaux en s’appuyant sur la recherche scientifique. AVA est la seule association de protection animale en France soutenant la recherche éthique. « Nous excluons toute recherche s’appuyant sur l’expérimentation animale. En revanche, nous soutenons certains projets en matière d’éthologie, l’étude du comportement des animaux. Depuis la création d’AVA, Thierry Bedossa y tient tout particulièrement ».

Thierry, lui-même vétérinaire, rêvait de devenir chercheur. Mais il s’était rendu compte, au fil de ses études, que devenir chercheur impliquait de mener des expériences sur les animaux. Éthiquement, pour lui, cela était tout à fait exclu. Il a préféré renoncer à devenir chercheur. Entretemps, il a pu se rendre compte de la souffrance infligée aux animaux de laboratoires. De la même façon, il a éprouvé un choc en découvrant la réalité vécue par les animaux dans les abattoirs et les élevages intensifs.

Quelques années après cette prise de conscience, il a rencontré un scientifique du nom de Bertrand Deputte, qui l’a introduit à la science de l’éthologie. Cette dernière exclut toute expérimentation sur les animaux, au profit de leur observation, soit dans leur milieu naturel, soit dans leur milieu de vie. Pour les animaux de compagnie, leur milieu de vie se situe chez leur propriétaire. Cela a représenté une découverte pour Thierry, qui s’est rendu compte qu’il pouvait mener des activités scientifiques, sans induire de souffrance chez les animaux.

Mieux comprendre les animaux pour mieux les protéger

Il a donc voulu se lancer à fond dans cette démarche, en partant du principe que, pour protéger les animaux, il fallait d’abord les comprendre. Comme le remarque Élisa, « dans le milieu de la protection animale, il y a énormément de bienveillance. Tout le monde aime les animaux, veut bien faire, agir et se sentir utile. Cependant, sans les connaissances associées, par excès de bienveillance, certains croient bien faire sans très bien réaliser les conséquences de leurs actes ».

Il en est par exemple ainsi avec les chiens et les chats errants. En France, quand on voit un chat ou un chien errant, on se dit : « le pauvre, il doit atrocement souffrir, il doit être malheureux car il doit lutter pour sa subsistance ». Les personnes voulant ainsi sauver les chats errants essaient d’en faire des animaux de compagnie. Elles les enferment dans un appartement, leur imposant une vie qui ne leur convient pas. En fait, même si la personne a cru bien faire, le résultat aboutit parfois à une catastrophe !

Quitter notre point de vue anthropocentré en faisant preuve d’humilité

AVA reçoit ainsi de nombreux chats errants que l’on a arrachés à leur environnement en leur imposant une vie de chat de compagnie. Car cette vie ne leur convient pas. Ils finissent par développer un véritable mal-être, qui se traduit par de l’agressivité, de la malpropreté, etc.

Il convient alors de se rendre à l’évidence. Le mode de vie d’un chat d’appartement ne convient pas à ce profil d’animaux errants. Ils se retrouvent par la suite abandonnés. Cela montre que, même avec les meilleures intentions, les amoureux des animaux ne se rendent pas toujours compte des conséquences de leurs actes.

Pour compenser cet excès d’anthropocentrisme, il convient de se placer du point de vue de l’animal. « Nous voulons donc encourager une meilleure connaissance de ce dernier, ce qui passe nécessairement par une ouverture d’esprit, une certaine forme d’humilité et une remise en question ».

(À suivre)

Plus d’informations sur : avarefuge.fr

La Coloc d'AVA
(c) AVA

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