André Léon Talley par Karl Lagerfeld (c) ArtCurial

Fashion Week : Karl Lagerfeld, Chanel et Charlie Le Mindu chez ArtCurial (2/2)

Dans la première partie de son interview, Clara Vivien (ArtCurial) nous a avoué que, pendant ses études en histoire de l’art et en droit, elle ne savait pas qu’on pouvait devenir expert spécialisé dans la mode dans le domaine des ventes aux enchères. Aujourd’hui pourtant, cela fait six ans qu’elle travaille chez ArtCurial en tant que tel. Préparant actuellement trois expositions-ventes dans le sillage de la Fashion Week se tenant à Paris fin septembre/début octobre, elle revient dans le détail sur « Karl Lagerfeld : une collection allemande », « Chanel Vintage » et « Charlie Le Mindu ». Suite de son interview…

Karl Lagerfeld : une collection allemande

Sur une des photos présentées par Clara dans le cadre de la vente qu’elle prépare, « Karl Lagerfeld : une collection allemande », on voit le maestro en short et en T-shirt en train de soulever des haltères. Nous avons alors l’impression d’entrer dans l’intimité du grand couturier. « Cependant, précise Clara, ce cliché n’est pas représentatif de la majorité des objets de la collection. Il s’agit d’une des seules photos où Karl apparaît en tant que sujet et non comme photographe ».

Dans sa majorité, la vente donne accès au travail du maestroKarl derrière l’objectif. Il prend des photos d’hommes (parmi lesquels le journaliste de mode André Léon Talley), de femmes, certains parmi ces clichés sont destinés à des campagnes publicitaires de la maison Chanel. À côté de cela, la vente propose également des croquis mettant en valeur son coup de crayon unique. « Les dessins de Karl n’ont pas de caractère érotique. En revanche, nous avons quelques photographies d’hommes ou d’éphèbes ayant pu fasciner le créateur ».

Une centaine de lots, dont quelques raretés

Au moment où nous avons interviewé Clara, elle était en train de finaliser le catalogue de la vente. « Je suis encore en train de définir les lots de même que la façon dont je vais agencer la vente. Néanmoins, je peux vous dire que nous présenterons une centaine de lots. Ce seront principalement des croquis de Karl Lagerfeld. Ces dessins ont tous été faits de sa main, la grande majorité est même signée. Dans tous les cas, les pièces sont parfaitement authentifiées. Elles proviennent de ventes aux enchères ou alors de galeries allemandes ».

Le vendeur était un passionné de Karl Lagerfeld. Sa boulimie de collectionneur l’a poussé à acquérir de nombreux objets, tout en faisant très attention aux provenances. « Personnellement, nous dit Clara, je trouve les dessins que nous présentons très intéressants. En effet, ce sont des pièces relativement rares : des dessins de Karl Lagerfeld, cela ne se rencontre pas tous les jours ». En outre, nous retrouvons son travail personnel de photographe, dans lequel il prend des clichés non directement reliés à la mode.

Sac Chanel "Lait de Coco" (c) ArtCurial
(c) ArtCurial

Vente ArtCurial « Chanel Vintage »

En complément du travail personnel du créateur, la vente « Chanel Vintage » rassemble des pièces de haute-couture ou de prêt-à-porter, en passant par les bijoux fantaisie, les sacs à main, ou encore l’art de vivre. Dans cette dernière catégorie, nous retrouvons des boules à neige, des gourdes, des plaids, ainsi que d’autres objets qui vont au-delà de la mode à strictement parler. Cependant, tous ces objets sont signés Chanel et proviennent de la maison de luxe. Ils appartiennent à toutes les époques, avec des pièces remontant aux débuts de Karl en tant que directeur artistique de Chanel, mais aussi des pièces plus récentes.

Tous ces objets arborent les codes de la maison Chanel, reconnaissables entre tous. Quand on s’y connaît en matière de mode et qu’on a l’œil exercé, on se rend compte du nouveau souffle introduit par Karl Lagerfeld au sein de la vénérable maison, dès son arrivée. Il a ainsi repris les codes qui existaient déjà, en les amplifiant. Le logo Chanel était par exemple très discret avant l’arrivée de Karl. Après, ce logo apparaît partout. Tout comme les camélias, particulièrement prisés par Coco Chanel. Il en de même du tweed, des chaînes ou encore du métal doré.

Quant au matelassage des sacs caractéristique, il peut être réel, ou alors simplement figurer en trompe-l’œil. Il peut être ainsi suggéré par des paillettes cousues en motifs de losanges. Selon Clara, « tout le monde est familier des codes de la maison Chanel, même inconsciemment, pour les avoir vus à de nombreuses reprises. Les objets Chanel sont aisément reconnaissables, notamment après l’arrivée de Karl Lagerfeld ».

Les sacs à main, vedettes de la vente ArtCurial « Chanel Vintage »

Dans les ventes Chanel, ainsi que dans les ventes de marques généralement (Hermès, etc.), les sacs à main représentent des valeurs sûres. Ils réalisent les prix de vente les plus élevés et affolent les fashionistas.

Une jeune fille d’aujourd’hui aura envie de s’acheter un sac à main datant d’il y a vingt ans en raison de son aspect intemporel. Il s’agit en effet du même modèle que l’on peut encore trouver en boutique aujourd’hui. Sachant que les prix n’ont cessé d’augmenter avec les années, l’achat d’un sac aux enchères demeure très intéressant. La qualité est exactement la même, d’autant que les sacs que Clara met en vente sont tous parfaitement authentifiés.

Le modèle Timeless de Chanel, par exemple, est encore aujourd’hui le modèle de sac de luxe le plus recherché au monde. Dans une vente aux enchères, les acheteurs se retrouvent face à une pièce de luxe, avec tout le savoir-faire qu’elle intègre. Cela reste une pièce signée de la maison Chanel. « Quand j’ai commencé, il était encore possible de s’acheter un sac Chanel classique à Drouot pour 500€. À présent, nous allons être sur une fourchette de prix allant de 3 à 4.000€, ce qui est très intéressant. Car en boutique, les mêmes sacs sont vendus entre 7 et 8.000€ ».

LION'S MANE Charlie Le Mindu (c) ArtCurial
LION’S MANE par Charlie Le Mindu. Cheveux naturels et coton. Estimation : 180.000 – 200.000€. (c) ArtCurial

Charlie Le Mindu et ses œuvres de haute-coiffure

Quant au travail de Charlie Le Mindu, il peut véritablement être qualifié de « hors-norme ». À ses débuts, Charlie était un simple coiffeur. Avec le temps, il est devenu un artiste plasticien à part entière. « On est vraiment sur un art à part. Il a pris le risque, à un moment donné, de créer des œuvres plastiques en utilisant un medium potentiellement rebutant pour certaines personnes. Même si le cheveu a beaucoup été utilisé dans l’histoire de l’art ».

Charlie Le Mindu a réussi à créer des œuvres absolument uniques, complètement extravagantes. Certains artistes les ont portées lors de performances, pendant le tournage de clips, ou alors à l’occasion de défilés. Charlie est donc allé au-delà de la réalisation d’une simple œuvre capillaire. Avec le mouvement qu’elle suggère, on est quasiment sur de la performance.

Certes, ces œuvres sont difficilement encadrables. En revanche, elles peuvent être posées sur un mannequin ou un présentoir, ou encore accrochées au mur. Certaines pièces de la vente ressemblent à des totems africains. Pourtant, elles sont uniquement composées de cheveux tressés.

À lire également : Fashion Week : Karl Lagerfeld, Chanel et Charlie Le Mindu chez ArtCurial (1/2)

Selon Clara, la vente aux enchères recouvre un métier riche de rencontres intéressantes. Qu’ils soient vendeurs ou clients, tous ont des personnalités fascinantes. « Chez ArtCurial, nous faisons connaissance avec des objets tellement différents les uns des autres, qui représentent autant d’occasions de faire de magnifiques découvertes… »

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Clara Vivien (ArtCurial) nous partage une de ses plus grandes émotions en tant qu’expert spécialisé dans la mode, lorsqu’elle a supervisé la vente de la garde-robe de l’actrice Jeanne Moreau. Photo : (c) ArtCurial. Vidéo : (c) LaTDI

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