silhouette homme sportif avec prothèse jambe

PROTEOR, spécialiste de la prothèse orthopédique technologique sur-mesure (Alexandra Houiste)

Quand elle se lève le matin, Alexandra Houiste, responsable marketing chez PROTEOR, a la pêche ! Fière de la mission de son entreprise, elle aide les patients amputés à retrouver leurs sensations ! Entreprise historique (plus d’un siècle d’existence), implantée en Bourgogne depuis ses origines, PROTEOR fait appel aux technologies de pointe pour offrir des prothèses innovantes à ses patients. C’est notamment le cas avec Synsys, modèle de prothèse avancée genou-cheville-pied, spécialement pensée pour que les personnes amputées au-dessus du genou puissent retrouver toute leur liberté de mouvement. Explications…

Responsable du marketing opérationnel, Alexandra Houiste travaille chez PROTEOR depuis treize ans. Chimiste et biologiste à la base, elle se spécialise par la suite dans le marketing orienté à l’attention des scientifiques. Ayant débuté sa carrière dans l’esthétique médicale, elle se rend compte rapidement des limites de ce secteur, concentré sur le paraître. « Quand je suis passée chez PROTEOR, je me suis repositionnée sur l’être. Tous les matins, comme bon nombre de mes collègues, je me lève en me disant que je ne travaille pas pour rien ! Tous ensemble, nous avons le sentiment de contribuer à rendre leur autonomie à nos patients, ce qui est extrêmement motivant et gratifiant ».

PROTEOR est née en 1913 en Bourgogne, à Seurre. Tout commence lorsque trois artisans décident de créer leur société de production de bois pour fabriquer des prothèses. En effet, à Seurre passe la Saône et de nombreux saules bordent cette rivière. Or, ces arbres fournissent un excellent bois pour fabriquer des prothèses. La Première guerre mondiale et ses conséquences font exploser la demande. Petit à petit, l’entreprise familiale s’agrandit, tout en conservant son siège social en Bourgogne.

Une entreprise familiale, historique, mondialisée et technologique !

En 2022, certains fonds d’investissement ont pris une participation minoritaire dans le capital de la société. Cependant, la famille des dirigeants, farouchement indépendante, possède encore la majeure partie des parts du capital de PROTEOR.

Centrée sur la France, l’entreprise y revendique 60 centres d’orthopédie, accueillant les patients munis d’une prescription médicale en vue de leur fabriquer un appareillage sur-mesure. Néanmoins, PROTEOR est aussi active à l’étranger, via sept filiales implantées au Japon, en Chine, etc. « Les filiales que nous avons créées le plus récemment se situent aux États-Unis (2019) et en Allemagne (2021). La plupart de nos filiales sont à visée distributive : nous nous en servons pour écouler nos produits. Aux États-Unis cependant, nous avons racheté une société elle-même propriétaire de deux usines et d’un laboratoire de R&D. Nous avons ainsi pu nous renforcer dans la recherche et la production ».

Femmes portant la prothèse Synsys PROTEOR
Synsys (c) PROTEOR.

Aujourd’hui, PROTEOR possède trois pôles de R&D : un pôle historique situé à Seurre ; un autre à Dijon, spécialisé dans les logiciels ; et enfin, un dernier pôle très important situé aux États-Unis, centré sur la mise au point des prothèses.

Le constat à l’origine de Synsys (PROTEOR)

À l’heure actuelle, les patients amputés ont accès à des produits très performants, tels que les genoux électroniques. Pour autant, certains mouvements demeurent compliqués pour eux. Par exemple, avec des prothèses traditionnelles, les patients ne peuvent pas changer de chaussures. Leur prothèse est en effet réglée pour une certaine hauteur de talon uniquement. Dans ces conditions, une différence même minime, de l’ordre de 5 mm, suffit à les déséquilibrer, les projetant vers l’avant ou vers l’arrière.

De la même façon, les patients ne peuvent pas marcher pieds nus sans être déséquilibrés. Certains mouvements leur sont même interdits, tel que le fait de se baisser en pliant le genou pour ramasser un objet tombé à terre. Par ailleurs, les produits disponibles sur le marché, même s’ils sont performants au niveau de l’articulation du genou, nécessitent d’être souvent rechargés. Cela entraîne donc une charge mentale supplémentaire. « Par rapport à tous ces inconvénients, notre démarche vise à faciliter la vie des patients, en leur permettant de reproduire les mouvements qu’ils auraient faits naturellement s’ils avaient conservé l’usage de leur membre ».

Synsys, par PROTEOR : une prothèse bourrée de capteurs électroniques

PROTEOR ne considère pas la prothèse comme un ensemble de composants séparés (un genou, un pied et éventuellement une cheville). Sachant qu’il existe actuellement très peu de chevilles sur le marché pour les amputés fémoraux (au-dessus du genou). « Nous avons donc pensé notre prothèse comme un ensemble genou-cheville-pied, fonctionnant en synergie grâce à des capteurs, et donc à un système mécatronique contrôlant à la fois le genou, la cheville et le pied ». Rappelons que la mécatronique vise à intégrer mécanique, électronique et informatique pour augmenter les performances d’un produit.

La prothèse, grâce à ses capteurs, analyse et comprend la situation dans laquelle se trouve le patient. Est-il en train de descendre un escalier, ou bien de marcher vite, ou encore de monter une pente ? En fonction de ces informations, la prothèse adapte la flexion du genou, le freinage, évitant ainsi au patient d’avoir à anticiper ses déplacements. Ce dernier peut alors avancer naturellement, tout en se sentant sécurisé.

Synsys s’adresse aux individus ayant subi une amputation au-dessus du genou, actifs à moyennement actifs. Alexandra précise cependant que Synsys n’est pas adapté à un usage sportif. Elle est en revanche bien adaptée aux activités quotidiennes.

Synsys : une prise en main intuitive et naturelle

Grâce à Synsys, le patient retrouve une démarche naturelle. Bien entendu, il existe toute une phase de réglages et de programmation réalisés en lien avec un orthoprothésiste, professionnel de santé spécialisé dans toutes les problématiques orthopédiques. Cela peut durer le temps d’un après-midi. Par la suite, le patient prend rapidement et naturellement confiance dans sa prothèse.

Il bénéficie même d’une application, sur son smartphone, qui lui permet de communiquer à sa prothèse les caractéristiques de ses différentes chaussures ainsi que d’autres paramètres. « Par exemple, il pourra lui arriver de marcher plus rapidement à certaines occasions. Il pourra alors passer en mode ‘marche rapide’. Tout est donc personnalisable, de façon très intuitive ». Synsys s’adapte donc non seulement à la morphologie du patient, mais aussi à son mode de vie.

Pour développer une prothèse, PROTEOR est amenée à travailler avec les patients. « Nous prenons en compte leur retour d’expérience. Nous travaillons donc avec plusieurs d’entre eux depuis des années. Tous se montrent impressionnés en nous disant qu’ils ont l’impression d’avoir retrouvé leur jambe d’avant ».

Diagnostic numérique de la scoliose avec l’appli Scolioeye de PROTEOR

Dans un autre domaine, PROTEOR a développé une appli aidant les parents à regarder le dos de leur enfant : Scolioeye. En effet, il est important de détecter la moindre déviation de la colonne vertébrale le plus tôt possible, pour prévenir les interventions chirurgicales et leurs séquelles parfois invalidantes. Avant d’en arriver là, il est possible d’avoir recours à un corset. Cela permet de contrer les déviations de la colonne vertébrale avant qu’elles ne deviennent trop importantes.

Scolioeye encourage les parents à observer attentivement le dos de leur enfant, par le biais de trois tests, simples à réaliser. « Par exemple, nous conseillons à l’enfant de courber le dos, etc. Nous aidons le parent à diriger ces exercices, pas à pas. Via Scolioeye, nous montrons aussi des exemples d’enfants avec des déviations de la colonne vertébrale, en les comparant avec d’autres enfants ne présentant pas une telle déviation. Le parent va donc auto-diagnostiquer la scoliose de son enfant. Bien entendu, seul un médecin sera en mesure de confirmer ce diagnostic ».

À lire également : Nutrisens : des aliments pour stimuler l’appétit de ceux qui l’ont perdu.

Alexandra poursuit : « nous envoyons un rappel au bout de six mois aux parents qui le désirent. L’application incite donc à conduire un examen régulier du dos des enfants. Car, en six mois, notamment pendant la période de croissance, la situation peut considérablement évoluer ».

Médecine numérique et prothèses

PROTEOR possède un pôle R&D dédié aux logiciels de diagnostic numérique. « À l’attention des bébés présentant une plagiocéphalie (aplatissement unilatéral de la voûte crânienne), nous proposons une application de suivi pour les parents soucieux de surveiller l’évolution du crâne de leur bébé. Nous développons donc toute une gamme d’outils à l’attention des patients et de leur entourage, pour accroître la qualité de vie de chacun ».

Alexandra Houiste (PROTEOR) décrit l’émotion intense ressentie par les patients lorsqu’ils essayent leur prothèse pour la première fois. Photo : (c) PROTEOR. Vidéo : (c) LaTDI.

Aujourd’hui, PROTEOR souhaite être davantage connue par le grand public. Elle est également en contact régulier avec les professionnels de santé. Comme Alexandra le rappelle, « en France, nous relevons de la catégorie des dispositifs médicaux bénéficiant d’une prise en charge. Nous souhaitons par conséquent sensibiliser les instances supervisant de tels dispositifs. En particulier, nous militons pour une meilleure prise en charge par les différentes caisses d’assurance maladie ». PROTEOR a donc besoin du soutien du grand public et aussi de l’État pour continuer à développer son business model vertueux !

Plus d’informations en cliquant ici.

Auteur :

N'hésitez pas à partager