Avez-vous déjà entendu parler du Nouveau Bauhaus Européen (NBE) ? Mouvement impulsé par la Commission européenne d’Ursula von der Leyen, il vise à améliorer les conditions de vie sur notre continent. Car tant de défis restent à relever ! Ainsi, d’immenses chantiers de reconstruction et de rénovation nous attendent. Bien entendu, ces derniers doivent respecter les impératifs liés à la réduction de notre empreinte environnementale. Pour cela, la Commission européenne veut mobiliser l’ensemble des ressources créatives de notre continent. Dans tous les domaines : architecture, culture, arts, politique et société, etc. Tout en s’appuyant sur le lien émotionnel fort unissant l’Europe et ses peuples.
En 1919 naissait à Weimar, en Allemagne, un important mouvement intellectuel et artistique : le Bauhaus. Initialement centré sur l’architecture, le Bauhaus désigne rapidement un mouvement plus général. Ce dernier englobe non seulement l’architecture, mais aussi le design, la photographie, le costume, la danse et les arts performatifs. Le Bauhaus veut délivrer l’Occident de « l’horreur de l’ornement ». Selon son fondateur Walter Gropius, « la forme doit suivre la fonction ».
Parallèlement, le Bauhaus cherche à se mettre au service du plus grand nombre. Son engagement social l’amène à créer un style à l’attention des masses. Cela concerne aussi bien la construction de nouveaux logements fonctionnels et bon marché que le design de leur ameublement. Enfin, le Bauhaus cherche à préserver une certaine communion avec la nature. Pour cela, il ouvre largement les appartements sur l’extérieur, par le biais de grands balcons et terrasses.
En haut : Bauhaus à Dessau, Allemagne. Photo : (c) senorcampesino – iStock.
En bas à droite : Kornhaus (Dessau, Allemagne). Photo : (c) typo-graphics – iStock.
Deux miniatures en bas à gauche : Musée Bauhaus Archive de Berlin. Photo : (c) Latsalomao – iStock.
L’inspiration historique du Nouveau Bauhaus Européen
Un siècle plus tard, en 2020, la Commission européenne s’inspire de la démarche du Bauhaus historique. Ainsi, le Nouveau Bauhaus Européen (NBE) veut à nouveau mettre l’industrie et le design au service de l’amélioration de la vie quotidienne de millions de personnes. Entre temps, les techniques ont bien sûr considérablement évolué (nouveaux matériaux, nouvelles technologies). De plus, l’enjeu climatique est désormais au centre des préoccupations. Comme à l’époque du premier Bauhaus, les arts et la culture sont pleinement invités à participer.
Selon Adalbert Jahnz, porte-parole de la Commission européenne pour le NBE, « aujourd’hui, nous avons désespérément besoin de renouveau, ne serait-ce que pour réduire notre empreinte environnementale. De plus, nous devons mener cette transformation de façon inclusive. En effet, nous devons faire en sorte que son impact social, culturel et esthétique soit maximal ».
Comme son prédécesseur, le NBE insiste sur l’approche « penser et faire », de même que sur l’importance des conversations et autres débats. Adalbert rappelle que « le Bauhaus historique a utilisé et expérimenté de nouveaux matériaux pour l’époque, tels que l’acier et le béton. Le NBE aspire à faire de même, avec le bois et l’acier décarboné, par exemple ».
Adalbert Jahnz, porte-parole de la Commission européenne, présente l’initiative du Nouveau Bauhaus Européen lors d’une conférence de presse à Bruxelles en 2022. Photo et vidéo : (c) Commission européenne.
Le Nouveau Bauhaus Européen touche le cœur des Européens
Selon Adalbert, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a voulu faire du NBE le visage souriant du Pacte vert européen. Ainsi, le NBE se devait de « parler » aux Européens, d’évoquer directement l’idée de progrès à leurs yeux. Davantage que le Pacte vert, pourtant censé faire de l’Europe le premier continent neutre vis-à-vis du climat, dès 2050. Ce dernier comprend de nombreux volets concernant les entreprises, la recherche, les institutions, etc. Mais il demeure singulièrement désincarné. À tel point que le citoyen européen a du mal à faire le lien entre le Pacte vert et sa vie quotidienne.
Consciente de son aspect trop technocratique, Ursula von der Leyen sonne la mobilisation générale. Selon elle, « le Nouveau Bauhaus Européen est un projet d’espoir pour explorer comment nous vivons mieux ensemble après la pandémie. Il s’agit d’associer durabilité et style, pour rapprocher le Pacte vert européen des esprits et des foyers. Nous avons besoin de tous les esprits créatifs : designers, artistes, scientifiques, architectes et citoyens, pour faire du Nouveau Bauhaus Européen un succès. »
Le NBE prétend ainsi couvrir l’ensemble des aspects matériels de notre quotidien. Comme le rappelle Adalbert, « certains projets du NBE concernent par exemple les secteurs de la mode ou de l’ameublement, considérés d’un point de vue durable et inclusif. De nombreuses autres idées restent à venir ». En intégrant la culture et les arts, tout en se penchant sur les problèmes du quotidien, le NBE humanise le Pacte vert européen.
Préparer l’avenir de l’Ukraine au sein de l’UE
En outre, Adalbert rappelle que le NBE englobe également la reconstruction de l’Ukraine. Parmi les premiers projets mis en œuvre, il cite le « Paper Partition System » de l’architecte japonais Shigeru Ban. Il s’agit d’une solution simple mais efficace pour garantir la confidentialité dans les centres d’accueil de populations déplacées.
La Commission soutient également les efforts de reconstruction entrepris par le gouvernement ukrainien. Tout en promouvant la qualité du bâti, sa durabilité et son inclusivité. « En mars dernier, avec ses partenaires ukrainiens (Covenant of Mayors East, Ro3kvit, ReThink) le NBE a lancé une initiative à l’attention des municipalités ukrainiennes en vue de leur reconstruction : ‘Phoenix’. Dans l’immédiat, il s’agit de mettre à disposition de ces dernières l’expertise de pointe de la communauté NBE en matière de reconstruction abordable et durable ».
Cette initiative conduit à la mise en réseau des villes ukrainiennes avec celles de l’UE. Toutes partagent les mêmes idées sur la neutralité climatique et la transition énergétique, notamment.
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Le Nouveau Bauhaus Européen, vu à travers ses projets…
Concrètement, en 2022, le NBE a bénéficié de plus de 100 millions d’euros d’investissements. Notamment par le biais de différents programmes tels qu’Horizon Europe, le Fonds européen de développement régional (FEDER). Ou encore le programme LIFE, instrument financier de la Commission européenne dédié au soutien de projets innovants dans les domaines de l’environnement et du climat.
Ainsi, le NBE a distingué cinq projets en leur allouant à chacun un financement de 5 millions d’euros. Prenons le cas du projet Eyes Hearts Hands, par exemple. Il cherche à révolutionner le mode de vie urbain pour l’adapter aux contraintes environnementales actuelles. Ou encore le cas du projet Desire, centré autour de la soutenabilité du mode de vie urbain. Il s’intéresse aux opérations d’aménagement urbain, tout en prenant en compte le caractère limité de nos ressources. Il promeut, par exemple, le recyclage des matériaux de construction.
Côté français, notre pays n’est pas en reste de projets soumis à la Commission européenne. C’est notamment le cas avec le cabinet d’architectes Guiraud-Manenc + Gault et leur projet « Epilobes », à Bègles, près de Bordeaux. Comme le rapportent les architectes, « notre vœu le plus cher était de proposer des logements confortables, spacieux, lumineux, abordables, peu gourmands en entretien et en énergie, et surtout de recréer un lien indéfectible avec la nature ». C’est le cas grâce, notamment, aux double-loggias confortables permettant de profiter d’un espace extérieur privé tout au long de l’année. Selon Antoine Guiraud, « les Epilobes se rattachent au Bauhaus en raison de leur rationalité constructive, en béton fibré isolant, laissé volontairement à l’état ‘brut’. Par ailleurs, les Epilobes sont construits sur pilotis, accueillant au sol les stationnements. Enfin, les couleurs y sont présentes avec parcimonie, par le biais d’un camaïeu de stores ombrageant les loggias ».
La jeunesse au cœur du projet européen
Selon Adalbert Jahnz, rien n’est plus gratifiant que d’être le témoin de l’impact du NBE auprès de la jeunesse européenne ! « Ainsi, l’une des jeunes lauréates des prix NBE 2022 avait improvisé un discours de remerciement, auquel je repense souvent. Elle avait trouvé le moyen de rendre les rues de la ville moins hostiles, par temps de canicule. Elle avait ainsi inventé un système permettant de placer rapidement des plantes de refroidissement dans les rues. Dans son discours, la lauréate avait expliqué comment sa grand-mère, vivant à Budapest, l’avait inspirée. En effet, cette dernière avait du mal à quitter son petit appartement pendant les grandes chaleurs de l’été… »
Adalbert avoue avoir été impressionné par le témoignage de cette jeune Européenne pleine de vitalité, incroyablement inventive, et s’inspirant d’une anecdote toute personnelle. Le NBE lui a permis de tisser des liens avec d’autres jeunes partageant les mêmes idéaux européens de durabilité et d’inclusivité ! Finalement, cette jeune fille a témoigné de l’importance du projet européen et de toutes les initiatives portées par ce dernier pour la jeunesse européenne, en Hongrie et ailleurs.
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