tous addicts aux écrans.

Écrans : sommes-nous devenus addicts de nos smartphones ? (L’Observatoire santé PRO BTP)

Raisonnable ou addictif ? À travers son étude sur ‘l’hyper usage’ des écrans sortie en décembre 2023, l’Observatoire santé PRO BTP* cherche à qualifier notre usage des écrans. À partir de quand faut-il commencer à s’inquiéter ? Quelles sont les conséquences sur notre santé, physique aussi bien que mentale ? Par quels moyens pouvons-nous retrouver notre autonomie par rapport à une habitude assimilable à une addiction ?

Que ce soit dans l’intimité, avec nos amis ou bien encore au travail, le numérique semble désormais dominer nos vies. Pour commenter les résultats de l’étude commandée par l’Observatoire Santé PRO BTP* à l’Institut Rafaël présidé par le Dr. Alain TOLEDANO, plusieurs spécialistes du monde de la santé et de l’économie se sont réunis le 23 janvier dernier à la Faculté de Pharmacie de Paris. Ils en ont profité pour évoquer différentes mesures à prendre pour rompre avec les effets néfastes des écrans.

Écrans : le smartphone à l’assaut de notre intimité…

Depuis le moment où nous ouvrons les yeux, le smartphone est notre compagnon de tous les instants. Rien de notre intimité ne lui échappe plus désormais ! Selon l’étude de l’Observatoire Santé de PRO BTP, nous sommes 53% à le consulter dès notre réveil. Après nous être couchés avec lui (43%) puis nous être endormis sur son écran (15%). Durant la journée, nous sommes 32% à utiliser notre téléphone à table. 36% d’entre nous ne s’en séparent jamais… même pour aller aux toilettes ! Comme on aurait pu s’y attendre, plus l’utilisateur est jeune, plus son usage est intense. La faute en revient aux réseaux sociaux et autres vidéos s’enchaînant à l’infini.

… de notre cercle de relations…

Par ailleurs, les écrans affectent la qualité de nos relations avec les autres. Pourtant, la communication se trouve au cœur des usages les plus courants du numérique. À savoir, envoyer des emails (pour 85% d’entre nous), des sms (65%) ou encore consulter les réseaux sociaux (44%). Cependant, les relations sociales par écran interposé ne génèrent pas la même satisfaction, car elles sont moins riches en échanges émotionnels.

Cela n’empêche pas 26% des sondés de passer davantage de temps à correspondre par écrit plutôt qu’en ‘live’ ! 14% avouent phubber (snober) leurs amis en se plongeant dans l’écran de leur portable, même en plein milieu d’une conversation ! La proportion grimpe à 25% chez les plus jeunes. Pour autant, 70% des sondés avouent n’avoir qu’un usage passif des réseaux sociaux. Autrement dit, ils se contentent d’être les spectateurs de contenus auxquels ils n’ajoutent rien. Ni touche de créativité personnelle, ni même commentaire.

… et de nos performances professionnelles

Du point de vue professionnel, il est vrai que, d’une part, le smartphone nous a permis de gagner en productivité. Car il oblige à être plus réactif, tout en étant constamment à l’écoute de ses interlocuteurs et clients. Quitte à favoriser les situations de burn-out. En effet, certains ne supportent pas que les préoccupations du bureau les accompagnent partout et à toute heure du jour et de la nuit. Mais, d’autre part, le smartphone a également eu l’effet l’effet inverse de diminuer notre productivité et notre efficacité. En effet, les notifications viennent constamment interrompre le fil de nos pensées. Ce sentiment est prégnant chez 56% des 18-35 ans. Autrement dit, le temps de réalisation des tâches s’allonge, à mesure que les micro-pauses induites par la ‘nécessité’ de consulter son téléphone se multiplient. La qualité de notre travail s’en ressent par conséquent.

Il est donc plus difficile de bien performer lorsque l’on a son smartphone à côté de soi. D’autant que plus nous y avons recours, plus notre capacité à faire usage de notre propre mémoire s’affaiblit. Un sondé sur deux trouve ainsi que le smartphone joue le même rôle qu’une clé USB mentale. Il peut sembler pratique d’y stocker souvenirs et informations. Or, sans connaissance propre, nous avons du mal à nous construire une opinion sur le monde autour de nous. Nous devenons alors plus facilement influençables et manipulables.

Contre l’addiction aux écrans : revenir aux fondamentaux

Suite à l’exposé qui précède, le Pr Martine DUCLOS, médecin du sport et physiologiste, a rappelé l’impact des écrans sur le corps et le cerveau. Elle a évoqué le stress numérique provoqué par leur usage excessif, favorisant le développement de maladies cardiovasculaires et de l’obésité. De plus, ce nouveau type de stress libère un excès de cortisone dans l’organisme. Cela vient perturber l’humeur et la mémoire. Par ailleurs, l’explosion de notre temps sédentaire passé assis accroît considérablement le risque d’une surmortalité précoce. Sans compter l’explosion des troubles de la vision (myopie).

Contre tous ces effets néfastes, la Pr DUCLOS prône la pratique de temps ‘vides’ durant lesquels notre esprit vagabonderait sans but précis. Elle prône le retour à des échanges entre humains pour faire pièce à la déprime des relations à distance. Par ailleurs, pour lutter contre les troubles du sommeil, elle conseille de ne plus regarder la lumière bleue de nos écrans deux heures avant d’aller au lit. Ceci afin de ne pas troubler la sécrétion de la mélatonine, hormone de l’endormissement.

De façon générale, elle souligne la nécessité de pratiquer une activité physique afin d’entretenir nos facultés motrices. Il est donc impératif de sortir et d’aller s’aérer pour préserver son capital santé !

A lire également : Autopsie d’un burn-out : les risques psycho-sociaux liés au travail.

Déconstruire l’économie de l’attention

De son côté, Marie EKELAND, business angel et présidente de l’association France Digitale, souligne que l’économie numérique est fondée sur la maximisation de la captation du temps d’attention disponible. Pour elle, il est important d’en bien saisir les principes de fonctionnement. Ainsi, elle dénonce la façon dont les algorithmes des grandes plateformes de diffusion de contenu (Netflix, YouTube) fonctionnent en créant de l’addiction. Car les profits de ces sociétés sont indexés sur le temps passé devant les écrans.

Il faut donc reprendre la main sur son temps, en se posant la question de ce que l’on veut réellement faire. Marie EKELAND conseille ainsi de garder le contact avec la nature, d’être conscient de nos besoins pour se ressourcer. Même si cela passe par la suppression de ses profils sur les réseaux sociaux. Enfin, il faut éviter de concentrer l’ensemble de ses activités professionnelles et de loisirs sur son smartphone, pour mieux s’en libérer.

Le Pr. Grégoire BORST, éminent chercheur en psychologie cognitive, rappelle que les réseaux sociaux et les jeux de type Candy Crush jouent sur les failles de notre cerveau, en quête de nouveautés et de changements continuels et rapides. D’autant que les activités sur smartphones sont illimitées (écriture, lecture, vidéo, jeux, etc.). Et qu’elles ne demandent a priori aucun effort. Par conséquent, il conseille de se montrer discriminant en donnant la priorité aux contenus de bonne qualité.

Vers une régulation de l’économie numérique ?

Hervé NAERHUYSEN, Directeur général du groupe PRO BTP et Président de l’Observatoire Santé PRO BTP, conclut les débats en soulignant que le smartphone doit être considéré comme un objet politique. En effet, il est devenu notre interface avec le monde et peut se muer en outil anti-démocratique. C’est la raison pour laquelle une plus grande transparence dans le traitement des données par les plateformes, de même que le fonctionnement de leurs algorithmes, est nécessaire. Ainsi, faut-il soumettre la sortie de certaines applications à une autorisation de mise sur le marché ? L’éducation a également son rôle à jouer auprès des plus jeunes. Finalement, tout un système de prévention doit être mis en place si nous voulons profiter du meilleur du numérique… pour longtemps !

Plus d’information en cliquant ici.

* émanation du groupe PRO BTP de complémentaire santé à l’attention des salariés et artisans du BTP. 

Zoom sur les français et leur consommation d’écrans en 1 minute à travers cette infographie. (c) L’Observatoire santé PRO BTP.

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