Dylan RUART laboratoire recherche Coxiella burnetii

Dylan RUART, Graine de Chercheur 2025 (Prolific) : sa bataille contre Coxiella burnetii, bactérie potentiellement dévastatrice !

C’est en 2022 que Dylan RUART fait la connaissance de Coxiella burnetii. Cette bactérie, très infectieuse, peut même représenter une arme biologique redoutable ! D’autant que les thérapies actuelles, à base d’antibiotiques, montrent leurs limites. Alors que la recherche fondamentale explore de nouvelles pistes pour en venir à bout, Dylan RUART se plonge avec son équipe (IRIM/CNRS) dans le fonctionnement intime de Coxiella. Lauréat du prix Graine de Chercheur de l’association Prolific, Dylan RUART vient à Paris le 8 avril prochain pour présenter son projet de recherche, à la Maison des Associations de Paris-Centre. Une conférence grand public à ne pas manquer !

Issu d’une famille modeste, Dylan RUART est aujourd’hui la personne la plus diplômée parmi les siens. Certes, il en éprouve une certaine fierté, tout en gardant les pieds sur terre. Il est surtout reconnaissant envers ses parents qui l’ont poussé dans la voie des études. Car dès sa plus tendre enfance, il s’intéresse au monde du vivant. « Au collège, j’ai eu des profs de SVT super intéressants ! », se souvient-il.

Dylan RUART défend la science telle qu’on l’aime !

Cependant, c’est lorsqu’il intègre la faculté des sciences de Montpellier, bénéficiant d’une belle renommée en microbiologie, qu’un déclic se produit en lui. « C’était vachement orienté sur la compréhension du vivant, les interactions entre l’homme et les micro-organismes. J’avais même des cours de biologie végétale super intéressants ». Et à partir de là, tout s’enchaîne naturellement pour Dylan RUART : licence, masters I et II, stages en laboratoires d’infectiologie, jusqu’à la thèse de doctorat qu’il prépare actuellement sous la direction d’Éric MARTINEZ au sein de l’Institut de Recherche en Infectiologie de Montpellier (CNRS).

Pour Dylan RUART, la science doit rester « amusante ! Avec mon sujet de recherches actuel sur la bactérie Coxiella burnetii, j’ai l’impression d’être dans un univers de science-fiction ! » Pour intéresser le grand public, il est persuadé qu’il faut en passer par l’humour ! Il cultive ainsi son côté « savant fou », un peu décalé par rapport à une conception trop sérieuse de la science. « Cela permet de garder une petite place pour l’inattendu. On en vient à se dire : ‘Tiens, je n’avais pas imaginé les choses comme ça, mais j’ai cette idée et je vais essayer de la développer jusqu’à son terme’ ».

Coxiella burnetii, bactérie se transmettant des animaux aux hommes

Coxiella burnetii est la bactérie à l’origine de la fièvre Q, zoonose se transmettant de l’animal à l’homme. « Coxiella infecte notamment les animaux d’élevage, comme les vaches. Très résistante, elle peut survivre longtemps dans l’environnement. Les animaux l’attrapent par inhalation, ou bien via la tique. Puis ils transmettent à leur tour Coxiella en mettant bas, via leur placenta contaminé. Ou par l’intermédiaire de tous autres matériels contaminés, comme le foin, etc. Les personnes en contact avec le bétail sont donc particulièrement exposées. Elles risquent notamment de développer la maladie associée à Coxiella, la fièvre Q. En revanche, la transmission interhumaine demeure assez rare, même si elle reste possible de la mère à l’enfant ou bien par transfusion sanguine. Cependant, la principale source de contamination provient des animaux ».

Il est vrai que, dans 60% des cas, la fièvre Q demeure asymptomatique chez l’homme. En revanche, la capacité infectieuse de Coxiella est l’une des plus élevées de toutes les bactéries connues. Il suffit d’une à dix bactéries seulement pour provoquer la maladie chez l’homme, ce qui est extrêmement faible. Pendant la Deuxième guerre mondiale, on utilise même cette bactérie pour créer des armes bactériologiques, en raison de son exceptionnelle infectiosité.

De quels moyens disposons-nous à l’heure actuelle contre Coxiella burnetii ?

Pour combattre Coxiella, seuls les antibiotiques existent aujourd’hui. « Le traitement est très long et délétère pour le corps. Il dure six mois minimum pour les personnes ayant des symptômes avérés de fièvre Q. Derrière, on doit retester la personne, et si jamais il reste une charge bactérienne même très faible, il faut continuer le traitement. Car autrement, la personne risque de redévelopper la maladie ».

Nous savons tous que les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques. Certaines équipes d’infectiologues travaillent donc au développement de nouveaux traitements, comme la phagothérapie. Il s’agit d’utiliser des virus bactériophages ciblant les bactéries pour les tuer. Cette méthode est très utilisée dans le cas de la tuberculose, par exemple. D’autres équipes encore travaillent sur la mise au point de vaccins.

L’équipe de Dylan RUART (IRIM/CNRS), quant à elle,  se penche sur la partie fondamentale de la recherche. « Nous cherchons à comprendre comment la bactérie parvient  à manipuler la cellule qu’elle infecte ».

Comprendre le fonctionnement de Coxiella burnetii

Dylan RUART compare souvent Coxiella à un ninja (espion infiltré en japonais). En effet, elle est capable de rentrer dans nos cellules et de s’y faire complètement oublier. « Elle va former une niche réplicative à l’intérieur de la cellule infectée. Au sein de cette niche, elle va pouvoir se multiplier tranquillement. En outre, elle possède une autre arme, une aiguille lui permettant de percer cette niche réplicative pour envoyer des protéines directement au sein de la cellule infectée. Or, ces protéines bactériennes modifient la cellule infectée ».

Grâce à sa protéine, Coxiella parvient à complètement arrêter le mécanisme immunitaire de défense du corps contre les pathogènes. « Habituellement, lorsqu’une cellule infectée ne parvient pas à se débarrasser d’un pathogène, elle disparaît. Ainsi, la bactérie ne peut utiliser cette cellule pleine de nutriments pour se multiplier. Avant de mourir cependant, la cellule infectée prévient normalement les cellules alentour de la présence du pathogène. Mais la protéine de Coxiella empêche que la cellule ne meure et ne prévienne les autres ». Comment y parvient-elle ? Telle est la question au cœur du projet de recherche de Dylan RUART.

Coxiella burnetii Dylan RUART
(c) NIAID.

Dylan RUART, lauréat du prix Graine de chercheur

Sa capacité à expliquer son projet en des termes simples et immédiatement compréhensibles par le grand public ont permis à Dylan RUART de remporter l’édition 2025 de la bourse Graine de Chercheur (association Prolific). Ce dernier souhaite utiliser une partie de ce financement directement pour sa recherche, en investissant dans une expérience lui permettant d’obtenir de nouveaux résultats. « Or, celle que j’aimerais réaliser se révèle assez coûteuse : la spectrométrie de masse (technique d’analyse d’impact des protéines) ».

En outre, Dylan RUART souhaite participer à un congrès scientifique en Espagne pour y présenter un ‘poster’. « C’est un congrès international qui me permettra de présenter mes travaux devant un panel de chercheurs venus du monde entier. Or, participer à ce genre de congrès présente un coût que la bourse Graine de Chercheur permettra de financer ».

Si jamais il lui reste un petit peu d’argent, Dylan RUART a l’intention de se rendre à Toulouse pour y rencontrer une équipe qu’il connaît bien et qui pourra l’aider à avancer sur certains aspects de son projet. « J’aimerais profiter de leur laboratoire et de leur expertise pour y réaliser des expériences en partenariat ».

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Comment Dylan RUART voit-il son avenir dans la recherche ?

Quand Dylan RUART pense à son avenir, plusieurs possibilités l’intéressent. Premièrement, il pourrait continuer dans la recherche académique et prendre exemple sur son directeur de thèse Éric MARTINEZ, en devenant chercheur à temps plein. Pour cela, il lui faudra réaliser un postdoctorat, en menant un projet de façon autonome.

Pour autant, il n’exclut pas de rejoindre le privé pour faire de la recherche appliquée : trouver de nouveaux antibiotiques, un nouveau vaccin. Même s’il a bien conscience qu’il risque alors de perdre la liberté offerte par ‘l’académique’. « Le business oblige à respecter un cahier des charges précis ! À terme, cela doit rapporter de l’argent ! Donc il y a moins le côté ‘savant fou’ qui m’a toujours attiré dans la science ».

Troisièmement, Dylan RUART souhaiterait à terme pouvoir monter sa propre startup. Cependant, il a bien conscience qu’il s’agit là d’un projet requérant une certaine maturité ainsi qu’un investissement conséquent.

Enfin, l’enseignement l’attire également beaucoup. « La médiation scientifique, la vulgarisation, tout cela m’a toujours beaucoup plu. Plus encore depuis que j’ai fait le concours Graine de Chercheur. Et je me dis que devenir enseignant-chercheur ou maître de conférences, cela pourrait me convenir ».

Plus d’informations en cliquant ici.

Dylan RUART : à quoi cela rêve-t-il, un chercheur ? La « Graine de Chercheur 2025 » de l’association Prolific revient sur la naissance de sa vocation. Il nous parle aussi de son projet de recherches sur Coxiella burnetii, une dangereuse bactérie à l’origine de la fièvre Q. Il évoque également ses aspirations en tant que jeune chercheur. Et plus généralement, il évoque sa conception d’une science « marrante », utile et attractive. Photo : (c) Dylan RUART. Vidéo : (c) LaTDI. Musique : (c) ES_Way Past Taken (Instrumental Version) – Kylie Dailey.

Coxiella burnetii Graine de Cheurcheur Prolific Conférence grand public Dylan RUART
(c) Association Prolific.

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