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Manos Dhada : Fiona et ses doigts de fée restaurent vos meubles (2/2)

Recyclage, réemploi, restauration. Tels sont les trois R au fondement de la démarche de Fiona et José. Nous avons vu précédemment le parcours de Fiona, la lente maturation de son projet et comment sa rencontre avec José a été déterminante pour donner naissance à Manos Dhada. Nous allons à présent nous intéresser au fonctionnement concret de leur petite entreprise : depuis le type de prestations offertes, jusqu’aux projets de développements futurs, en passant par leur style caractéristique. À tous ceux qui cherchent l’inspiration pour leur propre projet, Fiona conseille de se lancer, d’être réalistes, sans se laisser abattre par les petites contrariétés !

Ses clients la contactent généralement sur WhatsApp après avoir consulté son site web. Les personnes lui parlent alors de leur meuble de télévision, par exemple. Ils l’ont acheté il y a dix ans. À présent, ils souhaitent le changer car ils n’en aiment plus la couleur. « Sur la base des photos que la personne m’envoie, je lui fais un devis provisoire. Je regarde son meuble, j’analyse la façon dont il est fait, s’il est en bois, en métal, etc. J’envoie en retour des idées pour le transformer. Je prends le temps d’expliquer ce que je pourrais faire de ce meuble. La personne accepte alors ma proposition ou elle la refuse. Si nous sommes d’accord, je vais chercher le meuble à son domicile pour l’emmener à mon atelier, et là, le travail commence ».

Délais incompressibles

Tout d’abord, le client doit bien comprendre qu’il y a un délai d’attente d’un à deux mois entre le moment où Fiona récupère le meuble et sa livraison, une fois transformé. En effet, le simple fait de le repeindre prend deux semaines. En effet, il convient de le poncer dans un premier temps, puis d’appliquer une couche d’apprêt, de laisser sécher, avant d’appliquer une deuxième couche d’apprêt. Après, le meuble est prêt pour recevoir plusieurs couches de peinture successives. Le séchage des couches successives que Fiona applique impose un délai incompressible. Car la qualité du rendu final en dépend.

Le rythme de la restauration d’un meuble est donc nécessairement lent. Ce qui contraste avec l’impatience des clients qui veulent que leur meuble soit prêt dans la demi-heure qui suit l’instant où ils le confient à Fiona.

La dimension du conseil chez Manos Dhada

Quand elle n’est pas très inspirée, Fiona réouvre des pots de peinture qu’elle a déjà utilisés. Elle les mélange entre eux. Souvent, elle cherche un résultat d’aspect vintage. « C’est ce qu’on appelle le shabby chic », explique-t-elle. Il s’agit d’une tendance en matière de décoration intérieure qui donne un côté bohème aux intérieurs, tout en leur conservant une certaine élégance. Le shabby chic, que l’on peut traduire de l’anglais par « chic usé » ou « chic abîmé », nous vient des USA où il est né dans les années 80.

Depuis quelques années, il remporte un succès croissant en Europe, en Espagne et en France plus particulièrement. Il se caractérise par l’emploi de couleurs pastel, de motifs floraux aux noms français évocateurs : « pâtisserie » ou « hôtel de ville », par exemple. Ces motifs sont obtenus par la technique du pochoir appliquée sur les parois des meubles. « C’est un style qui me plaît, nous dit Fiona : je trouve que cela donne un aspect attractif au meuble, un aspect fini pas fini ».

Fiona est particulièrement attentive aux détails. C’est la raison pour laquelle elle ajoute des motifs à la peinture dans les endroits les plus inattendus, comme sur les parois non visibles des meubles, au dos ou en-dessous, par exemple. « Cela provoque un effet de surprise chez le client. Quand il ou elle met le meuble dans sa voiture, qu’il le retourne pour le transporter, il va se rendre compte des motifs que j’aurais peints (un cœur, une fleur, etc.). Cela va le toucher et le surprendre, il va prendre cela comme une petite attention qui lui fera plaisir ».

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© Manos Dhada

Outre la restauration, une offre de services à 360°

Outre son offre de restauration à proprement parler, Fiona donne aussi des cours de restauration. Ses étudiants apportent le meuble qu’ils veulent restaurer. Manos Dhada met à leur disposition tout le matériel nécessaire, depuis la ponceuse jusqu’aux pochoirs décoratifs, en passant par tout l’éventail des outils de restauration. « Je les guide dans leurs projets, car si certains viennent avec des idées précises sur leur projet, d’autres cherchent encore l’inspiration. Par exemple, j’ai une étudiante qui veut repeindre ses fauteuils, avant de les retapisser. Dans ce cas, il faut qu’elle ponce le bois pour bien le nettoyer, qu’elle bouche les trous d’insectes. Puis il faut appliquer les couches d’apprêt, peindre, avant de tapisser ».

Par ailleurs, Fiona et José proposent également un service logistique. C’est-à-dire qu’ils se rendent chez leurs clients pour aller chercher leurs meubles. Une fois le meuble restauré, ils le livrent à domicile. Selon Fiona, « les clients apprécient ce service, notamment quand leurs meubles sont volumineux ».

Manos Dhada propose également un service de fumigation des meubles anciens abritant des parasites mangeurs de bois. Il est toujours possible de traiter le meuble à la seringue, en mettant un insecticide liquide dans chaque trou. Mais cela prend un mois et se révèle très contraignant. Fiona propose de substituer à ce processus fastidieux un traitement réalisé par une entreprise spécialisée. Les meubles sont alors placés dans une chambre hermétique contenant un gaz insecticide pendant une semaine seulement. « Le gain de temps est donc considérable, ce qui plaît aux clients pressés ».

Manos Dhada : la tech en appui à la restauration de meubles

Pour mieux se faire connaître, Fiona et José ont largement recours à Internet. Comme Fiona l’explique, « grâce au site internet, tout se passe comme si je disposais d’une boutique virtuelle. J’y expose des photos des restaurations que j’ai déjà faites par le passé. Les clients aimant mon travail nous contactent alors ».

Les clients apprécient particulièrement les montages photos du type avant/après. Ils se rendent compte de la façon dont leurs objets peuvent être transformés et mis au goût du jour. Ainsi, ce qu’ils considéraient comme des vieilleries, inesthétiques et bonnes à être jetées, devient à nouveau attractif à leurs yeux.

Par ailleurs, Fiona utilise internet pour trouver des sources d’inspiration. Elle peut ainsi se renseigner sur le travail réalisé par ses confrères. « J’apprends beaucoup en regardant ce que font les autres. Chacun a sa technique. Pour autant, je ne cherche pas à voler la clientèle de mes confrères. En outre, cela m’aide à me positionner, en termes de pricing. Car il n’est pas toujours facile de déterminer le prix d’une prestation ».

Les projets d’avenir de Fiona et José

Dans le futur, Fiona souhaite fabriquer ses propres meubles, avant de pouvoir les vendre sur internet ou dans une boutique physique. Elle pourrait les expédier partout dans le monde. « À ce propos, précise-t-elle, certains des meubles que j’ai restaurés ont atterris dans le New Jersey, près de New York. Il s’agit d’une cliente qui vivait à Puçol. Elle a déménagé aux États-Unis et les a emmenés avec elle. Ils sont désormais intégrés à un intérieur typiquement américain ! »

Fiona et José voudraient également déménager leur atelier. L’idée serait de prendre une surface plus grande afin de pouvoir séparer l’espace dédié aux activités d’enseignement, d’une part, de celui dédié à la restauration à proprement parler, d’autre part.

Le message de Fiona aux restaurateurs voulant se lancer

À l’attention de nos lecteurs souhaitant lancer leur propre atelier de restauration, Fiona a un message. « Il faut se lancer, même si cela peut faire peur ! » Tout en ayant bien réfléchi à son projet au préalable et en faisant preuve de réalisme, bien entendu. Il faut donc avoir mis un peu d’argent de côté, ou bien pouvoir compter sur son conjoint. Il faut enfin avoir de la patience. Bien entendu, il y aura toujours des moments de découragement au cours desquels l’artisan en herbe aura envie de tout laisser tomber pour faire autre chose. Mais cela passe et le courage revient, assure Fiona.

Fiona et José ont dû ainsi se soumettre à un audit sonore dans la mesure où leur activité avait été enregistrée auprès de l’administration parmi les ateliers d’industrie. Après avoir acquitté 600 € pour la réalisation de cet audit, Fiona s’est entendu dire qu’elle devrait entreprendre des travaux d’insonorisation très coûteux afin de pouvoir continuer son activité. Elle était désespérée ! Finalement, en changeant la catégorie administrative de son activité, qualifiée désormais « d’école d’art », non plus « d’atelier industriel », Manos Dhada a pu être sauvée !

« Il y a des moments qui ne sont pas drôles, lorsqu’on se rend compte de nombreux faux frais, par exemple ». Il est vrai également que les clients ne sont pas toujours très aimables. Cependant, Fiona et José en pu nouer des liens d’amitié avec nombre d’entre eux. « Certains sont même devenus des amis. Finalement, comme on dit en espagnol : il vaut mieux avoir des regrets par rapport aux choses que l’on a faites, que par rapport à ce qu’on n’a pas osé faire ».

(À lire également : la première partie de l’interview de Fiona en cliquant ici)

Plus d’informations sur : www.manosdehada.es

Fiona et José nous présentent leur atelier de restauration de meubles. Vidéo : (c) Manos Dhada

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