Quel DRH n’a jamais rêvé de simplifier la gestion des RH, en offrant un outil unifié permettant aux collaborateurs de gérer leur dossier de façon intuitive, personnalisée et automatisée ? Aujourd’hui, les entreprises intègrent dans leur système d’information dédié aux ressources humaines de nombreux outils. Chacun se dédie à un aspect particulier de la RH : gestion des talents, de la paye ou de l’on-boarding, etc. En créant PeopleSpheres en 2015, Philippe Bloquet a voulu créer une plateforme offrant, à partir des outils préexistants de chaque entreprise, une expérience fluidifiée du parcours RH.
Diplômé d’une école d’ingénieurs, Philippe Bloquet passe par plusieurs entreprises de services numériques avant de travailler dans les RH dans les années 2000. Comme il l’avoue, « j’y suis venu par le biais d’un projet qui mixait ma passion pour l’aéronautique (je pilote des avions depuis que je suis très jeune) et un projet informatique ».
Philippe Bloquet : de l’intrapreneuriat à l’entrepreneuriat
Par la suite, il travaille chez Schlumberger, se concentrant sur des programmes d’arabisation à l’attention des personnels locaux des grandes sociétés pétrolières. Plus récemment, il passe sept ans au sein de la société d’édition de logiciels RH Saba Software, basée dans la Silicon Valley, en tant que responsable et VP pour la région EMEA.
Cependant, après avoir créé de nombreuses entités au sein de grandes sociétés, Philippe pense de plus en plus à voler de ses propres ailes. C’est de cette volonté que naît NeoSpheres en 2010. L’entreprise se spécialise dans l’aide au choix des solutions logicielles dans le domaine du talent management et des ressources humaines.
Il faut attendre 2015 pour que l’idée de PeopleSpheres prenne corps. Durant ses première années d’existence, la société tâtonne et expérimente la mise en place d’une plateforme intégrant des acteurs tiers du marché. Elle est finalement lancée, dans sa version commerciale, en 2019.
SIRH : la digitalisation du parcours RH des collaborateurs
Depuis quelques années, les salariés entendent de plus en plus parler du SIRH (Système d’Information des Ressources Humaines). Ce système a vocation à centraliser l’ensemble des données des collaborateurs pour les restituer dans un endroit unique. À ses débuts, dans les années 1970, le SIRH était centré sur la paye. Il était associé au ‘core RH’, c’est-à-dire le stockage des données des collaborateurs. Depuis, « le SIRH n’est plus seulement tourné vers la fonction RH, mais aussi vers le collaborateur. Cela permet une interaction forte entre l’entreprise et le collaborateur ».
Le SIRH intègre désormais des outils de plus en plus nombreux, généralement disponibles sur mobile, de façon à simplifier l’alimentation et la restitution des données. Cela permet à un collaborateur de faire son parcours d’on-boarding, par exemple, simplement depuis son smartphone.
Parallèlement à cette évolution du SIRH, on observe l’émergence des solutions dites « SaaS » (« Software as a Service »). Sous cet acronyme se cache toutes les applications hébergées dans le cloud exploitées par un prestataire externe, ou tiers. L’utilisation de ces applis donne généralement lieu à une facturation mensuelle. Parmi elles, on trouve les applis de gestion de la relation client (CRM) ou encore… les solutions de gestion RH (gestion des temps, des plannings, solutions spécifiques pour les hôpitaux ou les entreprises du BTP, etc.).
PeopleSpheres : intégrer toutes les applis RH sur une plateforme unique
PeopleSpheres se positionne sur le segment des plateformes. Elle a vocation à orchestrer des outils déjà présents sur le marché. Jusqu’à son avènement, les entreprises jonglaient entre une dizaine d’outils pour gérer les différents process RH. Le collaborateur devait donc se déplacer d’un outil à l’autre pour gérer ses temps, ses plannings, ses données… Devant se connecter à une dizaine de systèmes différents pour effectuer son parcours, il perdait l’intuitivité nécessaire au recours à de tels outils digitaux.
Selon Philippe, « PeopleSpheres vient donc remédier à la diversité logicielle des entreprises en lui substituant un parcours complètement unifié. Les outils du clients, chacun super-spécialisé dans son domaine particulier, sont totalement intégrés au sein de notre plateforme ». Dans le même temps, les acteurs du monde SIRH et des solutions SaaS, sont à même de mettre en avant leur offre directement sur la plateforme PeopleSpheres.
Le cas de l’on-boarding
Parmi ses clients, Philippe cite le cas d’une société travaillant dans le monde de l’insertion. Le public auquel s’adresse cette dernière est constitué de personnes éloignées de l’emploi (1.500 intégrations par an). Cette société possède un programme d’intégration par la formation, piloté grâce à PeopleSpheres.
Les nouveaux arrivants ont ainsi la possibilité de fournir certains documents via PeopleSpheres. Les personnes suivent un parcours de formation, renseignent des évaluations, etc., tout en étant guidées par l’application. Cette dernière leur demande d’effectuer des actions par le biais de notifications apparaissant régulièrement sur la page d’accueil du salarié. Leur téléphone leur rappelle qu’ils doivent réaliser telle tâche, suivre telle formation, se rendre à tel endroit, ou bien encore fournir tel document. Avec PeopleSpheres, fini les efforts de mémorisation !
Protection des données personnelles : le RGPD nativement intégré à PeopleSpheres
Quand on lui pose la question de savoir comment PeopleSpheres respecte la protection des données personnelles des collaborateurs, Philippe répond que le RGPD est intégré à la plateforme dès ses premiers développements en 2019. À chaque fois qu’elle intègre la moindre donnée, elle la catégorise selon des critères RGPD. S’agit-il d’une donnée « sensible », ou au contraire « non-sensible » ?
La plateforme protège également les données en jouant sur les différents niveaux d’accessibilité à ces dernières. Par ailleurs, PeopleSpheres procède à leur suppression au-delà d’un certain temps. « Nous avons également un système qui permet de solliciter le consentement des salariés pour la collecte et l’utilisation de leurs données ».
Une plateforme à géométrie variable s’adaptant à tous types d’entreprises
Concernant le type d’entreprises auxquelles elle s’adresse, PeopleSpheres s’affirme comme une solution « tout-terrain ». Comme le rappelle Philippe, « quelle est la différence entre une entreprise du bâtiment et une autre des services numériques, dans l’optique de PeopleSpheres ? Ce sont précisément les modules intégrés par la plateforme qui divergent. Nous spécialisons notre solution en agrégeant un package d’outils adapté au secteur d’activité de notre client. Nous sommes par conséquent capables d’intervenir sur un large éventail d’entreprises ».
Concernant la taille de ses clients, PeopleSpheres s’adresse aux entreprises comptant entre 500 et 10.000 collaborateurs. Y compris celles confrontées à des problématiques d’internationalisation. « Si nos clients sont présents dans trois ou quatre pays, ils auront recours à autant de logiciels de paye différents. Or, la gestion de la paye est extrêmement spécifique d’un pays à l’autre. Cela introduit par conséquent de la complexité que PeopleSpheres permet de simplifier ».
Prise en compte des dernières évolutions réglementaires en matière RH
PeopleSpheres est donc un prestataire caméléon, s’adaptant à ses clients et à leur contexte particulier. Il en est ainsi des évolutions réglementaires relatives aux RH. « Nous avons deux façons de répondre à ce type de préoccupations. Premièrement, nous faisons appel à un partenaire, Agrume, proposant les services d’avocats mettant à jour les contrats de travail en permanence. En connectant nos clients au module ‘Agrume’, nous leur offrons la capacité d’être à jour en permanence ».
Deuxièmement, l’autre flexibilité de PeopleSpheres réside dans sa capacité à pouvoir, à tout moment, connecter de nouveaux outils à mesure qu’ils apparaissent sur le marché pour répondre à des besoins nouveaux. « Avec la pandémie, nous avons vu débarquer des outils de gestion des espaces de travail en flexoffice, par exemple. Nous restons ainsi très agiles par rapport aux évolutions réglementaires ou d’usage ».
L’avenir de PeopleSpheres : machine learning et expansion à l’international
Aujourd’hui, PeopleSpheres a créé toute une infrastructure pour collecter et gérer les données des collaborateurs. Elle n’a pas encore intégré le machine learning pour faire de la prédiction par exemple, sur la base des données collectées. C’est une chose qui est prévue pour 2023.
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Après avoir réussi une levée de fonds de 8,5 millions d’euros en 2021, PeopleSpheres compte à présent améliorer les connecteurs entre les différents éléments de sa plateforme, pour une plus grande fluidité d’usage. Elle a également initié un premier mouvement d’internationalisation vers les États-Unis, en engrangeant ses premiers contrats là-bas.
Philippe a une vision RH tournée vers le bien-être des collaborateurs. Il la met en pratique pour le compte de ses clients, certes, mais aussi au sein même de PeopleSpheres ! Photo : (c) PeopleSpheres. Vidéo : (c) LaTDI.
En France, PeopleSpheres fait face à la concurrence de logiciels de type ERP ou « All in One » (SAP, WorkDay, Oracle, CEGID, etc.). Ces derniers sont des logiciels universels s’occupant de la paye, mais aussi de la gestion des talents, etc. Aux États-Unis, la concurrence s’incarne dans des compétiteurs qui lui ressemblent davantage. « Ce sont des plateformes qui partagent avec nous cette volonté d’orchestrer des outils tiers », conclut Philippe.
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